DREAL Auvergne-Rhône-Alpes déclaration liminaire et compte-rendu CSA du 30 juin 2025

Cette séance du CSA se tient dans un contexte mondial très inquiétant. Les guerres s’étendent un peu partout de l’Europe au Proche et Moyen-Orient, sans oublier l’Afrique. Les budgets militaires sont en hausse de partout au détriment des besoins quotidiens de la population conduisant à une dégradation des conditions de vie. Ces guerres et conflits n’ont pas, comme certain veulent nous le faire croire, une source ethnique ou religieuse. Ils sont menés sous ces prétextes dans une logique impérialiste d’accaparement des ressources. Les conditions rocambolesques de la négociation entre les USA et le gouvernement ukrainien sur l’exploitation des ressources minières de l’Ukraine en est l’illustration la plus frappante. Derrière les discours des belligérants, qui pour l’indépendance de l’Ukraine, qui pour l’appartenance du territoire ukrainien à un fantasmé monde russe éternel, il y a la seule question qui vaille : qui des conglomérats miniers des USA ou de ceux des oligarques russes s’accaparera les profits de l’exploitation des terres rares et autres richesses minérales en Ukraine ? La guerre dans l’est du Congo, conflit qui dure depuis des décennies et qui a causé des millions de morts, procède des mêmes logiques : quel impérialisme va s’accaparer le coltan, le cuivre et autres minerais indispensables aux équipements informatiques et aux technologies de la prétendue « transition écologique » ?
Ces méthodes d’accaparement sont consubstantielles au fonctionnement capitaliste de l’économie et il y a plus d’un siècle, Jaurès disait déjà « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée l’orage. ». Depuis, malgré la domination tant économique que militaire des USA, la réalité n’a fait que confirmer la véracité de cette phrase. Ainsi, après la seconde guerre mondiale, jamais la terre n’a connu un moment de paix complète. Toutefois la multiplication actuelle des conflits signe l’affaiblissement progressif des USA, même si leur prééminence reste réelle. Cet affaiblissement se voit de plus en plus nettement par les choix de repli et de reculs de leur gouvernement : repli identitaire et raciste, casse des maigres protections sociales, attaque contre l’éducation, les sciences et la recherche, abandon des politiques écologiques… Le tout dans une agitation populiste bruyante et permanente pour ne surtout pas laisser le temps aux citoyens de comprendre ce qui arrive.
Nous n’en sommes pas là en France, encore que… Des discours racistes, xénophobes décomplexés sont tenus par des ministres. L’argent de la protection sociale est vu avec convoitise par les industriels de l’armement (et d’autres) : pourquoi ne pas réduire les remboursements médicaux, les retraites et autres prestations sociales pour payer les nouveaux chars, missiles, drones et autres porte-avions ? Les attaques contre l’enseignement, la science et la recherche sont plus insidieuses qu’aux USA, mais comment ne pas penser aux classes de plus en plus chargées, aux enseignants remplaçants de plus en plus rares, aux coupes budgétaires subies par le CNRS, tout comme, plus symbolique mais tout aussi significatif, la tentative en cours de liquidation du Palais de la Découverte ? Ici aussi, l’obscurantisme et l’inculture étendent leur emprise.
Et bien sûr, les agents publics sont traités plus bas que terre par des gouvernements d’opportunistes qui espèrent que la démagogie populiste propulsera leur carrière. Ainsi, après la remise en place d’un jour de carence, les arrêts maladie des fonctionnaires ne sont plus indemnisées à 90 %. Ces attaques sont choquantes pour tous les personnels encore une fois accusés d’être des tire-aux-flancs profiteurs. Mais comment ne pas être scandalisé que cette mesure s’applique aux femmes enceintes qui subissent des complications de grossesse ou à des personnes aux prises avec des maladies particulièrement graves ?
Concernant l’écologie, la France n’est pas (encore ?) sortie de l’accord de Paris, mais les reculs en cours sont majeurs, tant sur le fond que symboliquement : ré autorisation à grande échelle de pesticides notoirement cancérigènes, assouplissement majeur des contrôles environnementaux en particulier agricoles, abandon des zones à faibles émissions (même si l’outil en lui-même pose question), passage en force pour construire l’autoroute A69… et on en oublie. Mais nous n’oublions pas les attaques scandaleuses et indignes venues du gouvernement, de parlementaires, de responsables de collectivités locales contres les agents chargés de faire appliquer les règles écologiques, qu’ils ont souvent eux-mêmes décidées ou approuvées. Tous ces politiciens carriéristes et opportunistes sont des criminels qui collent des cibles dans le dos des agents du ministère et de ses agences. Les agents souffrent de cette situation, car elle finit par poser la question de l’avenir même du ministère, des missions qu’ils exercent et au bout du compte, du sens de leur travail. Comment rester motivé alors que les fondements mêmes des politiques que l’on défend parfois depuis des années sont sapées méthodiquement au plus haut niveau ?